« Écoute tes émotions », « Ne te laisse pas submerger par tes émotions »…

Les injonctions de ce genre sont aussi nombreuses que contradictoires. Lemot “émotion” estdevenu un véritable fourre-tout dont on ne sait plus bien à quoi il fait référence.

Et pourtant, en ce début de 3èmeconfinement (ressenti 15ème), on se sent plus que jamais dépendant de nos émotions !

Petit rappel donc : une émotion est une réaction psychologique et psychique à une situation donnée et à l’interprétation de la réalité.

Autrement dit, les émotions sont des mouvements qui nous traversent, que nous réussissons à accepter plus ou moins bien dans notre corps.

Les émotions sont une vraie force si on sait les apprivoiser. Et le noyau familial joue un rôle clé.

On vous livre ici quelques conseils pour faire ami-ami avec elles, en famille ! Et surtout éviter que la cocotte n’explose !

 

 

Être dans le contrôle ? Mission impossible !

Quand on demande à notre enfant de se contrôler, on lui demande quelque chose d’impossible. Il faut en avoir conscience.

Les parents ont tendance à parler à la partie rationnelle du cerveau de l’enfant alors que c’est inutile.

C’est une grande perte d’énergie et une escalade toxique que de vouloir continuer à raisonner un enfant “prisonnier” de son amygdale, centre de traitement de ses émotions.

Mieux vaut donc laisser retomber les émotions un petit moment et reprendre paisiblement un dialogue constructif en abolissant les : « Pourquoi tu te mets dans cet état-là ? »

 

 

Se glisser dans les baskets de son enfant :

Mais d’abord on s’interroge : vous en tant que parents, comment se passe la gestion de vos émotions ? Par où cela passe ? Pour comprendre la façon dont son enfant ressent et exprime ses émotions, on scanne et on analyse celles qui nous activent, nous en tant qu’adulte.

Puis, on se met à leur place :

« Je vois bien que tu es énervé(e), ou triste, ou joyeux(se) et que ça déborde ».

Je partage avec empathie ce que mon enfant ressent pour avoir ainsi une meilleure compréhension de son comportement.

 

 

Donner l’exemple :

Si j’agis d’une certaine façon, mon enfant ne va pas agir différemment !

C’est en ça, notamment, que consiste le rôle des parents : donner l’exemple.

Si l’on n’applique pas soi-même ce que l’on raconte, ça ne pourra pas marcher.

C’est ce qu’on appelle l’effet des neurones miroirs « qui jouent un rôle dans l’imitation, mais aussi dans la compréhension des intentions des uns et des autres. Attention donc, à ce qu’on dit et à ce qu’on fait : les enfants sont incroyablement observateurs ». Extrait de Mon p’tit cahier J’aime apprendre de Jessica Hollender et Stéphanie de Bournonville, Solar éditions.

 

 

 

Nommer son émotion :

Si votre enfant semble habité par une émotion, n’hésitez pas à lui demander :

  • « Sur une échelle de 0 à 10 (0 tu es très triste et 10 TVB), tu dirais que tu te situesoù ?»

Faire reconnaître àvotre enfantce qu’il ressent lui permet de mieux maîtriser ses émotions.

 

  • On peut aussi utiliser des symboles : « Peux-tu aller chercher un objet qui représente ta colère ? » Parfois les enfants sont en effet trop petits pour dire les choses. Ils ont besoin de symboles. On peut aussi jouer unesituation avec des playmobils.

 

Une fois l’émotion reconnue, cela s’arrête comme par magie !

 

 

 

Dessiner ses émotions :

Pourquoi dessiner ses émotions fait-il du bien ?

Parce que cela contribue à fabriquer des petits bonheurs… avec des crayons.

Voici quelques idées de rituels à mettre en place en famille :

  • Créez des tableaux avec lesmots qui vous font du bien et accrochez-les à un endroit où toute la famille peut les voir régulièrement (comme dans la cuisine).
  • Chacun réalise un dessin illustrantsa journée en mettant l’accent sur les points positifs, sans pour autant occulter les moments douloureux.
  • Réalisez des dessins de vos envies ou rêves, des dessins de voyage qu’on a envie de faire avec sa tribu.

 

 

 

Rejoindre sa bulle de calme :

Dans une période de confinement où il est difficile de marquer son espace (quand la cuisine devient un bureau, une chambre, une salle de réunion…), on invite notre enfant à s’isoler un instant de toute stimulation extérieure. Non pas pour le punir, mais pour lui permettre de laisser ses émotions retomber.

En fonction de l’enfant, il sera souhaitable de ne pas parler et de lui poser les mains sur les épaules, les bras ou de lui prendre les mains. Il s’agit d’amener l’enfant à se calmer seul, tout en le rassurant de notre présence.

D’autres auront au contraire besoin de se retrouver au calme dans un endroit de la maison qu’ils apprécient. Cette pratique aide l’enfant à accueillir ses émotions et les apprivoiser. Elle ne fonctionne que si l’adulte reste calme et n’ajoute pas de stress négatif à la situation. Cela permet de remettre les émotions négatives à leur juste place, des émotions qui vont et qui viennent, comme les autres et qui ne font que passer.

L’option « gros câlin » est également une très bonne chose, qui ne remet pas en question votre autorité, et n’est pas le signe d’une quelconque faiblesse.

(extrait de Apprendre autrement avec la pédagogie positive, Eyrolles éditions)

 

 

 

 

Opter pour le scénario du pire :

Un moyen de déverrouiller des émotions de peur et aussi découragement.

On échange avec nos enfants :

1/ En accueillant d’abord la situation génante « D’accord tu es dans cette situation où… ; » par exemple « tu as peur d’aller demander une baguette à la boulangère »

2/ Lui dire ensuite « Imagine que tu y vas quand même, qu’est-ce qui peut se passer de pire ? », réponse de l’enfant « Elle fait comme si elle ne me voyait pas » ou « Elle me parle mal parce que je suis un enfant » ou…

3/ « D’accord donc elle t’ignore, qu’est-ce qui peut se passer de pire ensuite ? » Réponse « Ben je me sens mal et je ne peux pas avoir le pain et j’ai envie de pleurer »

4/ « Ok, tu as envie de pleurer et tu ne peux pas avoir ton pain, qu’est-ce qui peut se passer de pire ensuite ? » jusqu’à ce que l’enfant réalise par lui-même qu’il n’a plus d’idées sur ce qui pourrait lui faire peur au pire du pire.

 

L’idée est de démontrer que le pire est toujours ce que nous imaginons, plus que la réalité en elle-même car il y aura toujours un adulte pour dire « Tu veux une baguette ? Madame, il y a un petit enfant que vous n’avez pas vu et qui attend sa baguette » etc.

 

Cela s’applique aussi aux adultes et pour toutes situations. Le scénario catastrophe est principalement dans nos têtes.

Notre ami Sénèque disait :

« Il y a ce qui nous inquiète plus que nécessaire ; ce qui nous inquiète avant que ce ne soit nécessaire ;  ce qui nous inquiète alors que ce n’est absolument pas nécessaire. Notre douleur, c’est nous qui l’inventons. »